En 1967, Otto Peters, utilise déjà dans son analyse le terme de « production industrielle » en y comparant l’enseignement à distance. Le parallèle entre les deux est présent depuis la naissance de l’enseignement à distance.
À ce jour, la formation linguistique est-elle devenue un domaine industrialisé ?
L’organisation de l’industrialisation
Dans le domaine de la formation, on peut voir différents types d’organisations se mettre en place avec des dispositifs concrets : la production de téléservices (usage des dispositifs de visioconférence…), la gestion de libres-services (services éducatifs virtualisés en ligne), l’éditorialisation de produits services (documents numériques, etc.), le développement de produits sur mesure (logiciels personnalisés avec fonctions d’intermédiation…). L’ensemble de ces nouvelles organisations ont pour but de se combiner pour répondre à tous les aspects d’une nouvelle demande et d’une nouvelle manière de consommer.
Ces nouvelles organisations apparaissent, car le secteur de la formation, comme d’autres secteurs de services, sont à la recherche d’efficience. Il oppose deux visions : celui d’une rationalisation industrielle, fondé sur une production massive et standardisée de produits éducatifs vendus aux prestataires de formation et aux consommateurs ; et celui d’une rationalisation de type professionnel, qui souhaite rendre plus précise et systématique la formalisation des méthodes, ce qui favorise l’agencement de routines et l’évaluation des performances comme les effets des services sur les utilisateurs, plutôt que la mesure de gains de productivité directs.
Le deuxième modèle implique le passage à une formalisation des savoirs, des savoir-faire et des prestations, à l’émergence de produits dans lesquels les savoirs professionnels s’objectivent, au développement d’un « sur-mesure de masse » grâce à l’agencement original d’unités élémentaires décomposées et indexées.
La systématisation des processus dans la formation rappelle les cahiers des charges du domaine industriel. Elle garantit le respect des règles de production et rassure le client, car la rationalisation est synonyme de professionnalisme et de savoir-faire. Cet effort de rationalisation a un objectif de transparence vis-à-vis des clients qui connaissent de manière détaillée les moyens mis en œuvre pour assurer l’efficacité de la formation.
On oppose également l’idée d’industrialisation dans la formation qui englobe le recours à des outils de communication à des fins pédagogiques ; à celle d’industrialisation de la formation qui englobe un processus plus radical qui fait des technologies l’élément pivot du système de formation. L’automatisation des dispositifs pose un problème avec le remplacement du médiateur humain par la machine.
Les acteurs de la formation
L’industrialisation de la formation va forcer les acteurs à adopter un nouveau comportement au sein de la filière.
La représentation du métier ne dissociait pas jusque-là les rôles de producteurs et de diffuseur des connaissances.
Les observations des nouveaux dispositifs de formation montrent bien que la médiation humaine y garde une part fondamentale. En prenant la forme d’interactions directes ou d’interactions médiatisées par la technique, de manière synchrone ou en différé, à différentes étapes de la prestation.
L’usager occupe également une place plus centrale dans le processus, son intégration apparaît comme une condition déterminante de la rentabilité des dispositifs d’apprentissage. Un travail de compréhension est réalisé sur sa manière d’affronter les différentes étapes, d’ordre cognitif, lié à la médiatisation du savoir.
La prestation éducative nécessite d’autres fonctions que celles liées à la production et à la diffusion des ressources : gestion du dossier de l’étudiant, élaboration du parcours de formation, analyse des besoins, tutorat… Ces personnes-ressources font aussi partie du processus d’industrialisation de la plateforme.
L’enseignement à distance
Le secteur de la formation à distance est celui qui a constitué le laboratoire le plus avancé de cette industrialisation de la formation. Axée au départ sur l’usage de la correspondance, la formation à distance a intégré progressivement : les médias de masse, plus récemment la télématique, l’audio et la visioconférence, les vidéos transmissions interactives, internet dont le caractère d’intégrateur de médias existants démultiplie les possibilités.
L’intégration des technologies a été rapide, car le secteur est constitué selon une logique industrielle. Les technologies contemporaines permettent de faire évoluer le traitement de masse vers un traitement sur mesure, plus qualitative, réclamé par des clients eux-mêmes : exigence de réactivité, exigence de flexibilité des dispositifs, exigence d’inventivité dans les nouvelles formes de médiation entre l’offre et la demande.